Non-classé

Le temps d’une récolte

Je me suis mis au créole ces derniers temps. Non que je voulais me rajouter une autre langue. On en parle déjà trois à la ferme, la plus commune étant l’espagnol vu le temps passé auprès de nos employés mexicains. Non, on s’est mis au créole pour communiquer avec de nouvelles employées engagées de façon journalière, à travers un programme de l’Union des Producteurs Agricoles. Le dilemme revient chaque année, qui va récolter tous ces bleuets mûris à point alors que le travail bat son plein et que nous en avons déjà par-dessus les bras avec nos tâches quotidiennes. Et c’est là qu’interviennent ces sympathiques dames, presque toutes grand-mères d’ailleurs, Viergela, Marie-Ange, Violette, Lumène, des noms que l’on se plaît à répéter car d’une autre époque et qui essaiment les champs du Québec le temps d’un été. Femmes vaillantes au parcours difficile, peu loquaces d’ailleurs, mais qui s’ouvrent à vous si vous prenez le temps de les apprivoiser. Elles ont arpenté la bleuetière pour nous laisser apprécier les douceurs de l’été et déjà elles ont migré autre part, qui sait, désherbant une parcelle de carottes ou de choux. On s’est donc mis au créole, le temps d’une récolte de bleuets.

Panier toujours estival, le bleuet sera remplacé par le premier melon, un cantaloup odorant et muri à point. La nature étant encore généreuse, il nous faut rivaliser d’imagination pour préparer aubergines et courgettes. Viendra un temps quand il n’y en aura plus dans les paniers…