Je l’avais promis à certains d’entre vous; ce serait l’année de la tomate. Après la déconfiture de l’année dernière, une saison à oublier pour le Solanum lycopersicum, j’avais mis les bouchées doubles pour garantir la production de 2016, en quantité et en qualité. Je rappelle pour ceux qui n’étaient pas des nôtres l’an dernier, la tristesse infinie que peuvent ressentir le fermier et son abonné, fin juillet, devant des champs complets atteints par le mildiou, la pourriture grise, le chancre bactérien, l’alternariose, et j’en passe, gratuité bien sûr d’un été hyper mouilleux. Une panoplie d’afflictions que je ne souhaiterais à aucun autre légume. Je dis bouchées doubles comme je pourrais aussi dire couvertures doubles, les trois-quarts de nos tomates protégées cette année par une grande serre et deux tunnels chenille. Devant les aléas climatiques de nos étés fous, nous n’avons plus le choix que de les couvrir et minimiser ainsi leur contact avec tout ce qui ressemble à une goutte d’eau. Il faut aussi avouer que les canicules de cette saison nous ont beaucoup aidé, avec le dernier quart qui s’est retrouvé en plein champ, faute d’espace dans les serres. Nous produisons bien des variétés, mes préférées étant les tomates du patrimoine, ces laiderons surdimensionnées, sortis tout droit de l’imaginaire d’un bestiaire végétal. Mais leur difformité est rescapée par un goût exquis, une chair sensuelle et la conviction que ce plaisir est ce qu’il y a de plus éphémère.
Dans vos paniers, cette semaine, un avant-goût de l’automne qui s’en vient, le poireau. Mon royaume pour un poireau. J’ai cherché partout sur Internet si quelqu’un avait exprimé une telle opinion mais je n’ai rien trouvé.