Ce n’est pas tous les jours que l’on voit des champs de tournesol chez nos fermiers voisins. Celui que j’ai aperçu au détour d’un chemin s’étendait à perte de vue, une marée de têtes pensantes, auréolées de gloire, se dandinant au gré des vents. Non, ils sont rares ces champs et quel effet sur le visiteur de passage qui se voit obligé de s’arrêter et absorber cet amas de couleurs et de sensations. C’est ce que j’ai fait, plusieurs fois plutôt qu’une, pour me rendre compte que les têtes de tournesol me boudaient, quel que soit le moment de la journée. Que je les saluais le matin ou en fin d’après-midi, elles me présentaient leurs dos, insensibles au regard admiratif ou à la bonne parole. Mais pourquoi donc un tel traitement, moi qui pensais que ces fleurs suivaient le soleil, d’est en ouest? C’est là qu’intervient un petit article pêché dans Le Monde et dans lequel des scientifiques (on peut leur faire confiance) arguent la chose suivante : si les têtes non fleuries suivent effectivement le soleil durant leur croissance, les têtes matures, c’est-à-dire fleuries, s’immobilisent obstinément face à l’est. Suit ensuite une envolée lyrique sur les rythmes circadiens, l’héliotropisme, leur horloge biologique, pour finir en apothéose sur le fait que leurs têtes face à l’est, les tournesols attirent bien plus les insectes pollinisateurs que ceux qui se dandinent de droite à gauche. La nature est superbement bien faite.
Mais elle peut être sans pitié et la canicule des deux dernières semaines en est bien la preuve. Je n’ose pas le dire tout haut mais on a dû irriguer à l’arrosoir, des plates-bandes entières, avec de l’eau charrié par grandes cuves. Il le fallait car il y allait du bien-être de nouveaux transplants, ceux que l’on compte vous servir cet automne. Mais on annonce une bonne ondée pour cette fin de semaine. Espérons que cette fois-ci, c’est la bonne. Dans vos paniers, c’est l’abondance et on en profite. Du bleuet, il n’y en aura pas pour tout le monde mais c’est déjà la période des cantaloups. Au plaisir de vous retrouver tous et n’oubliez pas que les pains reviennent.
