Le plant est bien portant, la fleur sublime et pourtant, et pourtant, comme disait Aznavour, le fruit répugne. Je parle de l’okra bien sûr, le légume de toutes les discordes. J’en parle parce qu’il faut bien, par la parole et par l’acte, redorer le blason d’un aliment tout à fait populaire dans bien des cuisines du monde, sauf en Amérique du Nord, Louisiane excepté. Où le bât blesse-t-il? C’est visqueux, me diront certains, plus glissant qu’une peau de banane! Peut-être, mais tout est dans la façon de l’apprêter.
Reprenons du début : Abelmoschus Esculentum de son nom scientifique, le plant est en fait de la famille des hibiscus, ce qui explique la physiologie de sa fleur, un ravissement de couleurs et d’étalement, duquel surgit en très peu de temps le légume lui-même, repoussant vers le haut sa génitrice. C’est à ce moment-là qu’il faut le surveiller car cueilli trop gros, il n’est plus consommable alors que ramassé trop petit, il m’en faudrait quelques hectares et une flopée de cueilleurs…
L’okra contient du mucilagène dans son for intérieur, substance gélatineuse qui épaissit soupes et autres plats. Si vous le taillez en morceaux, cette substance va se mélanger aux autres aliments et vous ne noterez plus rien une fois le plat cuisiné. Par contre, si vous croquez dedans crû, vous sentirez tout de suite sa viscosité et ma foi, j’y trouve bien mon plaisir malgré les médisants.
Ironiquement, je fais l’éloge d’un légume que je sers parcimonieusement, un peu comme les œufs, aux premiers arrivés aux points de livraison. Il serait impossible d’en produire assez pour tout le monde, vu que chaque plant ne donne qu’un fruit au deux jours! Avis à ceux qui veulent braver leur peur envers ce légume, nous en apporteront durant les prochaines semaines en quantités limitées (voir recettes ici).
